Extrait d'une aventure inédite : Le Mur
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L comme...
LUC
ORIENT
(créé
en 1967)
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En
1967, la science-fiction était l'un des rares genres populaires absent
des pages du journal Tintin
: l'anticipation toute britannique de Blake
et Mortimer s'y faisait
en effet de plus en plus rare, tant Edgar-Pierre Jacobs semble se désintéresser
peu à peu de la bande dessinée. Aucun auteur n'ayant pris le relais, Greg
choisit d'aborder une autre face de la SF en rendant hommage aux «space
operas» qu'il avait découverts dans son enfance : Brick
Bradford et Flash
Gordon.
De
fait, les personnages de Luc
Orient eux-mêmes
rappellent ceux de Flash Gordon
: la secrétaire Lora fait penser à Dale, la fiancée de Gordon, et
le Docteur Kala au Professeur Zarkov... Quant aux démêlés du peuple
de Terango avec le tyran Sectan, ils ne sont pas très éloignés de
ceux du peuple de Mongo avec le méphistophélique Ming.Dans le triptyque
Terango, le «pyjama de l'espace»
est de rigueur et la fraternité interplanétaire s'impose : Luc Orient
et ses amis se joignent vite aux résistants téranguiens pour sauver
tout à la fois une démocratie extraterrestre et la planète Terre elle-même,
qui est menacée par la fièvre expansionniste de Sectan... |
© Le Lombard
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Greg
: «Je sentais bien le côté ridicule de tout ça. Ce n'était pas de la science-fiction,
mais plutôt du «space opera», c'est-à-dire de la fiction intergalactique
machin-chouette. Paape était d'une grande naïveté : pour dessiner l'attaque
d'une flottille de vaisseaux extraterrestres, il s'était inspiré de son
taille-crayon qui avait une forme de cloche. Cette candeur donne finalement
beaucoup de fraîcheur à la série.»
Eddy Paape et Greg
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Après
ces débuts très classiques, fortement empreints de références et de clins
d'œil, Luc Orient rentre sur Terre et se trouve alors confronté à divers
événements surnaturels ou insolites : le pouvoir de traverser la matière,
les manipulations génétiques, le conditionnement des foules ou encore
la résurrection d'animaux préhistoriques... À chaque fois, en scientifique
raisonnable, Luc Orient trouve une explication rationnelle à ces phénomènes
qu'il avait d'abord cru, avec le lecteur, paranormaux. Dans Luc
Orient, le surnaturel est nié par la «science», car Greg, soucieux
de vraisemblable, s'est toujours refusé d'achever ses histoires par un
point d'interrogation. Pour lui, le Fantastique n'est jamais une fin en
soi, mais plutôt un moyen comme un autre de mettre ses héros à l'épreuve.
Greg
: «Un autre scénariste que moi pourrait se tailler une jolie place au
soleil avec ce style d'histoires fantastiques, car il y a beaucoup de
choses à raconter. Mais je n'ai plus assez de punch pour le faire et,
de toute façon, ce ne serait sûrement pas avec un personnage aussi marqué
par une époque que Luc Orient..»
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