J comme...
JOURNAL DE TINTIN

(1965-1974)

A propos de...
(332Ko)
Le 29 mai 1997, à Neuilly sur Seine
©BenoîtMouchart
A propos de...
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Le 24 octobre 1997, à Neuilly sur Seine
©BenoîtMouchart

       Paradoxalement, c'est parce qu'il voulait quitter le Journal de Tintin  que Greg en devint le rédacteur en chef. Durant l'été 1965, Greg expliquait à Georges Dargaud, partenaire français du journal, puis à Raymond Leblanc, éditeur de Tintin, les raisons de son départ : à ses yeux, rien ne semblait pouvoir bouger, notamment parce que le directeur artistique, Hergé, souhaitait retrouver le ton «bon chic, bon genre» de la revue où il avait débuté en 1929, Le Petit Vingtième.

Greg : «Raymond Leblanc m'a écouté pendant une heure et, à la fin de l'entretien, il m' a annoncé : «Vous êtes rédacteur en chef !» Je lui ai fait remarquer qu'il y en avait déjà un, mais il a répondu aussi sec : «C'est mon problème !» J'ai alors écouté les conditions qu'il me fixait et je lui ai dit : «D'accord pour le salaire, mais je viendrai à mi-temps et votre journal sera fait le matin ! L'après-midi, je serai toujours auteur...» Il était assez surpris, mais il a fini par accepter.»

       Pour insuffler du tonus à ce journal, que Franquin sunommait alors «l'éléphant malade», Greg fit entrer au journal une pléiade de nouveaux auteurs : Hermann, Eddy Paape, Dany, Dupa, Jean van Hamme, Vicq, Claude Auclair, Derib, Marc Wasterlain, Turk et de Groot, Gordon Bess, Will Eisner, Hugo Pratt, Carlos Gimenez et bien d'autres encore. Malgré ce sang neuf, quelques anciens auteurs reprochèrent au nouveau rédacteur en chef de vampiriser le journal. Il est vrai que Greg signait alors le scénario de beaucoup de séries du sommaire et qu'il s'occupe, en outre, du courrier des lecteurs.

Greg : «Ce dernier travail m'a valu la grande fureur de Jean Graton. Jusqu'à mon arrivée, on avait dissimulé les lettres contre Michel Vaillant.... Or, comme j'avais découvert un courant vigoureux contre cette série, j'avais publié deux ou trois lettres, en espérant qu'elles stimuleraient Graton dans le sens où je voulais l'emmener. Mais pas du tout : il a pris ça pour une attaque personnelle et il a fallu des années pour que l'on se raccommode.»

       Peu à peu, Greg permit au journal de trouver son identité propre, à travers un rédactionnel et un choix de séries différents de Pilote ou de Spirou. Les ventes atteignirent leur record pendant «l'ère Greg» : 600 000 exemplaires vendus chaque semaine ! En 1974, son départ du poste de rédacteur en chef entraîna un désintérêt massif pour Tintin qui finit par devenir, dans les années quatre-vingt, un support plus que confidentiel...