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   H comme...
HERGÉ

A propos de... Hergé.
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Le 9 avril 1997, à Neuilly sur Seine.
©BenoîtMouchart

       En 1959,  Greg accompagne Hergé à la projection du film pilote de la première série de dessins animés en couleurs de Tintin, qui venait d'être réalisé par Belvision (une succursale des éditions du Lombard), en coproduction avec les États-Unis.

Greg : «L'écran s'est allumé et nous avons vu un avion à l'intérieur duquel se trouvait un type plutôt musclé qui avait effectivement une petite mèche blonde. Ce personnage s'est tourné vers les spectateurs et nous avons alors découvert un grand «T» sur son tee-shirt. Puis, en balayant l'air de la main, il a dit : «Hi ! My name is Tintin !» Très sobrement, Hergé a lancé «Coupez !» et je n'ai jamais vu la suite... Il s'est ensuite adressé aux producteurs américains en ces termes : «Je veux bien que vous brodiez sur mes histoires, mais vous allez travailler avec mon scénariste.» C'est ainsi que je suis devenu, pendant plus de cinq ans, l'adaptateur européen de ces dessins animés.»

 

       L'année suivante, en 1960, Hergé commanda à Greg un scénario original. Si ce scénario, Le Thermozéro, ne devint jamais un album de Tintin, il n'en reste pas moins le projet abandonné par Hergé le plus abouti, devant L'Alph-art, comme en témoignent les archives de la Fondation Hergé. Des raisons qui poussèrent Hergé à abandonner cette histoire après en avoir crayonné huit pages, on ne sait pas grand chose, sinon ce que le père de Tintin déclarait à Benoît Peeters en 1982 dans Le Monde d'Hergé  (édité par Casterman) : «J'ai essayé de travailler avec Greg qui m'a composé un très bon scénario, mais un scénario que je n'ai jamais utilisé, parce que je me sentais prisonnier d'un carcan dont je ne pouvais plus m'échapper.» Habitué à improviser au fur et à mesure qu'il dessinait, Hergé se trouva donc décontenancé de connaître les moindres détails d'une histoire avant même d'avoir commencé à la mettre en images.


Extrait d'un crayonné du Thermozéro par Hergé en 1960, d'après un scénario de Greg.
©Moulinsart/Hergé.

Greg : «Le point de départ du Thermozéro  était le suivant : Tintin et Haddock sont témoins d'un accident de voiture et vont secourir une personne qui a été éjectée de son véhicule. En attendant l'arrivée des secours, Tintin met son imperméable sur l'accidenté. Il le reprend ensuite, sans se douter que le type lui a glissé un mystérieux objet dans la poche... Du coup, sans le savoir, Tintin devient la cible !»  

       Si Hergé n'utilisa jamais ce scénario, il n'oublia pas Greg et fit appel à lui en 1969 et 1972 pour les deux dessins animés réalisés pour le cinéma par Belvision : Tintin et le Temple du Soleil et Tintin et le Lac aux requins. Pourtant, le père de Tintin n'appréciait pas beaucoup les options prises par Greg à la même époque, au poste de rédacteur en chef de Tintin.

Greg : «Hergé reconnaissait le talent d'auteurs comme Hermann ou William Vance, mais il détestait les voir dans les pages d'un journal portant le nom de «Tintin». (...) Comme nous ne voulions pas nous fâcher à propos du journal, nous évitions le sujet dans nos conversations. Cela n'empêche pas que chaque année, lors du banquet du journal, il me félicitait toujours dans son discours. Nous étions assez gastronomes tous les deux et nous mangions souvent ensemble. Au fond, nous parlions de beaucoup de choses, sauf du métier... Nous n'avions pas vraiment les mêmes vues sur le dessin.»